Traversée de l’Atlantique en catamaran 2020 – De Marseille aux Canaries (part. 1)

L’automne est arrivé en Méditerranée, il est temps pour notre catamaran d’entamer sa traversée de l’Atlantique pour rejoindre le soleil des Caraibes. Le Lagoon 450F, Lipopette prépare sa migration à Marseille.

Les derniers préparatifs du catamaran à Marseille avant le départ de la traversée de l’atlantique

Avant la traversée de l’Atlantique, l’équipage passe le Lipopette en « mode traversée de l’Atlantique » après une saison d’école de voile et de croisière en Corse. Petit rapport de la « préparation transat » :

  • drisse de génois inversée (pour répartir l’usure de la gaine),
  • bosse d’enrouleur changé (par l’ancienne drisse de GV),
  • mise en place du nouveau génois acheté en octobre 2019 (ancien génois plié et rangé dans le sac)
  • drosses de barre resserrées d’un total de 20mm,
  • moteur annexe vidé de son essence et mis sur sa chaise,
  • annexe brêlée sur le bossoir,
  • bidons d’eau de secours remplis attachés à poste en cas d’évacuation,
  • paddles pliés et rangés dans les coffres.
  • rangement des courses effectuées par l’équipage dans le bateau
  • mise de protection (gaine) sur les haubans aux points de ragage
  • monter au mât pour
    • vérifier drisse de GV et notamment le surgainage réalisé,
    • placer la poulie et la drisse de GV de secours (au cas où la drisse principale casse pendant la transat),
    • vérifier et redresser le windex,
  • Réalisation de nouveaux bras et écoutes pour notre nouveau spi,
  • Remplissage des réservoirs d’eau du catamaran,
  • Réalisation des briefing : sécurité, quarts, vie à bord,
  • Vérifications des moteurs,
  • Installer un filet à fruit dans le cockpit
  • Définition du planning des quarts pour l’équipage

Voir notre article spécial pour la préparation à la traversée de l’Atlantique d’un catamaran Lagoon 450F.

Modèle de planning de quart pour la traversée de l'atlantique en catamaran
Modèle de planning de quart

Dimanche 18 octobre 2020, départ de la traversée de l’Atlantique depuis Marseille

Le catamaran Lipopette quitte enfin Marseille ! Après avoir finalisé l’avitaillement et préparé le bateau comme il se doit, nous partons enfin. Le premier jour s’est déroulé sans embuches. Lipopette est au niveau de la frontière espagnole le soir même. Lipopette continue sa route cap sur Gibraltar.

Lundi 19 octobre 2020, 15h03

Lipopette se déroute vers Barcelone. Nous venons de découvrir qu’’une vis de fixation du moteur bâbord est cassée. Celle sur le silent block à gauche. Le moteur bouge beaucoup dans la vague, il est important de réparer avant la traversée de l’Atlantique du catamaran.

C’est l’une de pattes de fixation du moteur à la coque qui a cassé. Il a fallu démonter le moteur pour refixer une patte neuve (finalement on en a changé deux). Cela a été changé en 24h, avec 6 heures de main d’oeuvres par un artisan local. 

Jeudi 22 octobre 2020, 10h46, Départ de Barcelone

Départ de Barcelone sous un ciel gris

Fixation moteur réparée. Lipopette largue les amarres en direction de Gibraltar. Ciel gris, et houle croisée nous accompagne.

Le catamaran Lipopette a longé la côte le plus possible au près pour éviter d’avoir le vent dans le nez à 100% et pour affronter une meilleure mer que la route directe. Navigation assez fatiguante pour l’équipage. Vent de max 31 noeuds (nds), un gros 6 Beaufort (Bft).

Journal de bord vidéo du 23 au 26 octobre 2020

Lundi 26 octobre 2020, arrivée à Gibraltar

Arrivés à Gibraltar après 36 heures de moteur à lutter contre vent et vagues. Une bonne partie de l’équipage est fatigué. Un repos s’impose pour tout le monde. Hervé, pris par des contraintes professionnelles qui l’empêche de se rendre aux Canaries, quitte le bord à Gibraltar.

Mercredi 28 octobre 2020, départ de la traversée de l’atlantique en direction de Lanzarote aux iles Canaries

Journal de bord vidéo du 28 au 4 novembre 2020

Le catamaran Lipopette part de Gibraltar pour traverser l’atlantique, le jour où Macron a annoncé que le confinement reprendrai le samedi 31 octobre ! Alors que le pays se prépare au 2ème confinement, l’équipage s’apprête à vivre son confinement choisi en transatlantique. Il y a pire! Arrivée à Lanzarote aux Canaries prévue le 2 novembre.

Jeudi 29 octobre 2020

Tout va bien à bord. Conditions gentilles, avec 70% de moteur par vent trop faible au portant et 30% de voile (soit génois seul si peu de vent, soit gv + génois si assez de vent). Lipopette avance tranquille, sur une route assez directe, avec toujours un ETA (Estimate time of arrival) pour le 2 novembre tôt le matin.

On a essayé le spi. Il est très beau, vraiment…. 🙂 Mais il est très (trop?) grand. :-S Il s’accroche aux chandeliers, filières, balcons et lèche même le pont avant par moment. Je suis à la chasse au moindre petit objet saillant (goupille, manille, vis et écrou, crochet,…) qui pourrait provoquer un accroc ou une déchirure pour le masquer.

Le spi beau mais trop grand ou alors le mat a rétréci?

Vendredi 30 octobre 2020

Nous avons eu une grosse touche (thon jaune ou dorade coryphène) mais elle a lâché à la remontée.

En ce moment, on est dans 36h de pétole mais dès demain matin on devrait pouvoir remettre les voiles et terminer comme cela au Grand Largue.

Les grands pêcheurs s’entrainent!

Samedi 31 octobre 2020

Cette nuit, on est entré dans une purée de pois. On n’y voit pas à 200m, malgré le vent qui s’est doucement levé. Mais le soleil n’arrive pas à percer. On a passé Safi, et cet après-midi nous serons devant Essaouira (Maroc). Nous allons bientôt changer de cap et mettre plus d’ouest dans la route, histoire d’utiliser les voiles.

Au moment où j’écris, il y a une bonne vingtaine de dauphins qui jouent à l’étrave.

Je commence à deviner le soleil à travers le brouillard. Je vais aller télécharger mes fichiers météo, recalculer la route, et hisser ensuite la GV.

Les dauphins de l’Atlantique vus le 31 octobre

Mardi 2 novembre 2020, Lipopet’ la forme

Poème écrit par les équipiers pour Lipopette :

LIPOPITRERIES

Ma maîtresse est une sirène.
Pas une lipopétroleuse avec qui faire des galipopettes de 5 à 7,
Non, une sirène joyeuse, puissante, épuisante, séduisante. 
Elle galopipette toute l’année sur les mers du globe.
Quand elle a 20 nœuds de vent par le travers, elle Lipopette la forme. 
Quand le spi s’étire sous le soleil, elle lipopetille de joie. 
Lipopétrifiante dans la tempête, elle se fait lipopétaradante pour lutter contre les éléments. 
Quand Eole nous met en lipopétole sous les tropiques, le carré devient lipopétouffant. L’apéro sur le sundeck s’impose. Elle devient lipopétulante dès le premier typunch. 
En toutes circonstances elle porte fièrement le lipopétandard de VAM sous le ciel lipopétoilé. 
Saperlipopette !

Mercredi 3 novembre 2020, Lipopette jette l’ancre sous l’île de Graciosa (plage des français)

Belle dernière journée venteuse au portant et sous le soleil. Ancrage prévu en fin de nuit à Graciosa.

Journée vacances et nettoyage au mouillage sous l’Ile de Gracioza.

Mercredi 04 novembre 2020, 10h40 – Escale à Lanzarote et relève d’équipage avant la traversée de l’atlantique du catamaran

Lipopette largue les amarres du ponton de la marina de Arrecife, sous les grands gestes d’adieu de Pascal et Éric, nos 2 fidèles équipiers qui, depuis Marseille et avec l’aide d’Hervé (qui nous avait quitté à Gibraltar), nous ont aidé à amener notre catamaran dans cet archipel bien connu, lieu de départ de toute traversée de l’Atlantique digne de ce nom. Merci à eux, au-revoir et à bientôt sur Lipopette !

Nous voici donc avec notre nouvel équipage constitué bien sûr de Yannick (le skipper), Gilles et Françoise, tous 3 déjà à bord depuis Marseille, Muriel, qui nous attendait à Lanzarote depuis 3 jours, Jean, et Etienne. C’est sous la musique dynamisante de « 1492 » de Vangelis que nous sortons du port, hissons la GV avec un ris et déroulons le génois pour une première navigation de mise en jambe de 36h, histoire d’amariner les nouveaux arrivants. Un passage entre Lanzarote et Fuerteventura et cap à l’ouest, sous ciel gris.

Un équipage qui se sépare, c’est triste, comme un ciel gris!

Objectif : laisser cette nuit Gran Canaria à bâbord et rejoindre le sud de Tenerife, jusqu’au petit port charmant de Las Galletas. Des conditions clémentes idéales (un vent du Nord de 3 à 4 Bft) nous amènent pas loin de Tenerife, quand la bascule sur l’Ouest annoncée par les fichiers nous oblige à serrer le vent d’abord puis à allumer les moteurs et terminer en rasant les côtes Est de l’ile sous vent forcissant.

Jeudi 05 novembre 2020 : escale transatlantique à Las Galletas, Tenerife

Le catamaran longe l’ile de Gran Canaria

L’arrivée se fait idéalement peu avant le coucher du soleil, juste de quoi apprécier la vue sur le majestueux volcan qui surplombe ce charmant petit port mixte, où voiliers côtoient les barques de pêche et pneumatiques des écoles de plongée. L’apéro est mérité et le repas en est d’autant plus joyeux. Les 2 jours sur place sont mis à profit pour découvrir l’ile en fourgonnette de location, aller à la plage, effectuer une plongée sous-marine (une première pour Muriel !) chez mes amis Ludo et Julie, inviter quelques amis à l’apéro (dont Ludivine, partenaire de plongée et Hervé et Angela du voilier 1000 Visages, déjà rencontrés à Gibraltar), sans oublier l’inévitable et excellent restaurant péruvien sur le port, une tradition personnelle du skipper à chaque passage à Las Galletas

Samedi 07 novembre 2020, départ de Las Galletas

Après une réunion d’équipage la veille, il a été décidé à l’unanimité que nous ne ferons pas d’escale au Cap Vert avant d’entamer la traversée de l’Atlantique en catamaran. En effet, les conditions d’entrée suite au covid nous feraient perdre beaucoup trop de temps (avec une quarantaine imposée de 72h à l’arrivée en attente des résultats des tests faits sur place), sans compter que Gilles est sans passeport et qu’il risque logiquement de ne pas être autorisé à débarquer du tout. Pas drôle ! Petite déception quand même mais décision sage au vu des conditions.

En échange donc, je propose de rester 2 jours de plus aux Canaries et d’aller visiter l’ile de La Palma, la Isla Bonita. Au moteur, nous remontons la côte ouest de Tenerife, pour nous rendre au pied des falaises de Los Gigantes et se baigner sous cet impressionnant panorama. Nous dinerons au mouillage un peu plus au nord et appareillerons à minuit pour une traversée de nuit sans histoire (à part quelques averses courtes mais intenses) vers Santa Cruz de La Palma.

Coucher de soleil au mouillage, avant d’appareiller de nouveau

Dimanche 8 novembre 2020, Santa Cruz de la Palma, dernière escale pour notre catamaran avant la traversée de l’atlantique

Marina accueillante et bien tenue, jolie ville coloniale et belle île verdoyante. Une escale de 2 jours nous permettra de nous ravitailler une dernière fois, et de visiter en voiture une partie de l’ile, impressionnante par ses coulées de lave relativement récentes et ses étendues de bananeraies à flanc de montagne.

Sous l’impulsion de Françoise, nous nous arrêtons même devant une de ces exploitations pour tenter notre chance et voir si on ne pourrait pas leur acheter un régime entier. Je traduis en espagnol. Le gérant, un peu étonné, nous signale qu’il lui est impossible de vendre au détail, mais après quelques explications sur notre projet de traversée, il sourit et revient avec une caisse entière d’un mélange de bananes plus ou moins vertes. « Cadeau ! » nous dit-il. Nous repartons, ravis, non sans avoir grandement remercié notre mécène.

C’est sûr, des bananes, on va en manger ! D’autant que ça mûrit (très) vite ! Sous toutes les formes donc : milk shake banane, bananes flambées, crêpes banane-chocolat, banana bread, mousse glacée de banane, etc … ! Ou nature, d’autant qu’elles sont délicieuses, tendres et sucrées ! Dernières lessives, dernières bonnes douches, dernières coupes chez le coiffeur, derniers achats de matériel de pêche adapté au grand large, et nous voilà parés pour le grand saut. »

La suite de la traversée de l’Atlantique du catamaran se trouvera dans l’article suivant.